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Médias et projets artistiques dans le monde arabe

Médias et projets artistiques dans le monde arabe

Médias et projets artistiques dans le monde arabe

Pour faire connaître un projet artistique, obtenir des fonds supplémentaires ou gagner en crédibilité, la couverture médiatique est essentielle. Les professionnels de la culture doivent sans cesse communiquer et être en contact avec les médias... Une nécessité, qui ne se fait pas sans efforts, variables d'un pays à l'autre de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord. Cet article a pour but d'examiner les pratiques de communication de The Caravan et Street Carnival, deux projets de théâtre de rue soutenues par Drama Diversity Development (DDD), un projet régional subventionné par l’Union européenne dans le cadre du programme régional Med Culture

C'est une performance de théâtre de rue que près de 500 000 personnes ont vue... ou presque. The Caravan, pièce de théâtre itinérante qui décrit la vie des réfugiés syriens au Liban, a pu être vue (partiellement) par près d'un million d'internautes via une vidéo du média AJ+. Ses journalistes ne sont pas les seuls à s'être intéressés au projet, la liste est longue : Associated Press, Reuters et l'AFP ont partagé l'histoire qui a été reprise par The New York Times, France 24, La Libre Belgique, Le Point, ABC News, Yahoo News, The Washington Post, entre autres... Le travail de l'équipe de  l'association Beirut DC, qui a monté le projet, est un exemple de réussite de communication médiatique.

Liban : le networking comme état d'esprit

Ce succès n'est pas venu en un jour. Sabine Choucair, directrice artistique de Beirut DC, explique : "Nous avons d'abord mis en place une campagne de communication sur les réseaux sociaux, comme Facebook. Nous avons téléchargé des vidéos sur YouTube, et partagé massivement. Cinq mois après, nous avons fait une conférence de presse." Ce jour-là, de nombreux journalistes sont présents. Sabine Choucair s'est appuyée sur un carnet d'adresses préexistant de chaînes de télévisions, de journaux locaux et de correspondants de la presse internationale. Pour cela, elle a ratissé large, de la base de données de Beirut DC à des contacts personnels.

Au Liban, le pays où il est coutume de dire que "tout le monde connaît tout le monde" dans le milieu culturel, le networking est l'une des bases du monde professionnel. Sabine Choucair précise : "A partir du moment où l'on connaît une personne qui travaille dans une chaîne de télévision, elle pourra nous mettre en contact avec quelqu'un d'un autre média... Et en parallèle, tous les journalistes internationaux et expatriés se connaissent et sont en contact régulier, cela facilite le partage des informations."

Egypte : trouver sa place dans la vaste scène culturelle

Autre pays, autre défi... A Alexandrie en Egypte, Mohab Saber, directeur exécutif de ElMadina n'a pas eu la chance de bénéficier d'un carnet d'adresses bien rempli, lorsqu'il a lancé son projet de théâtre itinérant Street Carnaval. La pièce se concentre sur la communauté nubienne en Egypte. "Au début, nous n'avions pas vraiment de stratégie de communication avec les médias. Nous n'avions pas de fans et nous n'étions pas connus", raconte-t-il. 

La faute, selon lui, à l'omniprésence dans les médias de la scène culturelle commerciale : "En Egypte, il existe de nombreuses productions commerciales, qui ont un rayonnement dans l'ensemble du monde arabe. Les médias s'y intéressent en priorité, la scène indépendante est donc délaissée. Et si l'évènement ne se passe pas au Caire, c'est encore plus compliqué de bénéficier d'une couverture médiatique, car tout y est centralisé." Le Liban, pays de petite taille où les productions commerciales sont moindres, laisserait donc plus de place à la scène indépendante.

Ce constat n'a pas découragé Mohab Saber, qui a décidé de se lancer pour ce projet dans la communication médiatique. Première étape, toujours la plus importante, la présence sur les réseaux sociaux. Avec une équipe de six personnes, il a filmé la représentation et diffusé des vidéos via YouTube. "C'est important de mettre en ligne des vidéos du projet" ajoute le directeur exécutif égyptien. "Comme ça, les médias peuvent avoir un aperçu du projet et juger de la qualité, même à distance. " La patience et l'investissement de son équipe finiront par payer : Street Carnaval a été couvert par quelque 24 publications, principalement en ligne et les artistes ont été invités sur trois chaînes de télévision différentes. Un seul regret pour Mohab Saber : que la pièce n'ait pas été couverte par les médias internationaux.

Le carnet d'adresse : un atout qui ne fait pas tout

A Alexandrie, comme à Beyrouth, les deux professionnels de la culture n'ont pas compté seulement sur leurs contacts, ils ont aussi mis en avant les thèmes qu'ils traitaient. Sabine Choucair déclare : "La crise des réfugiés syriens est l'une des pires au monde, tous les médias veulent en parler. Nous, ce qu'on a offert, c'est une nouvelle approche de cette crise, une manière positive de parler des réfugiés... En quelque sorte, c'est ‘intéressant’ pour les médias." Mohab Saber reconnaît de son côté que l'une des raisons de son succès médiatique à l'échelle nationale est la mise en valeur de thèmes comme la situation de la femme ou les minorités en Egypte.

Le directeur exécutif d'ElMadina souhaite désormais exploiter ses nouvelles relations pour mettre en avant d'autres initiatives. De son côté, la directrice artistique libanaise veut faire tourner The Caravan dans différents festivals, surtout en Europe, pour faire connaître la culture des réfugiés syriens à la communauté qui les accueille. Pour appuyer sa candidature dans les différents évènements artistiques, elle compte bien utiliser sa revue de presse. En effet, si la présence dans des médias, notamment internationaux, n'attire pas forcément un public plus nombreux, elle apporte, au moins visibilité et crédibilité.

Article réalisé en collaboration avec Cineuropa