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4. Institutions, acteurs de la société civile et infrastructures

Country Overview of Algérie

4. Institutions, acteurs de la société civile et infrastructures

4. Institutions, acteurs de la société civile et infrastructures

Institutions et acteurs de la société civile

C’est à travers les institutions culturelles publiques que se déploie en Algérie la stratégie de l’Etat en matière de culture. Elles dominent par conséquent le paysage culturel que ce soit dans le domaine du théâtre (8 théâtres publics), des musées (16 musées publics) ou de la formation artistique (12 centres de formation). Mises sous la tutelle directe du ministère de la Culture et dotées de l’un ou l’autre des statuts EPIC[1] ou EPA[2], ces institutions culturelles ont une mission d’intérêt général. Leurs directeurs sont nommés par la ministre de la Culture.

Malgré des moyens financiers importants, la majorité des institutions culturelles publiques souffrent d’une gestion défaillante. Cela se répercute sur la qualité de leurs activités et de leur programmation ainsi que sur leur fréquentation par le public (voir titre 3.7), à l’instar des sept Théâtre régionaux[3] qui sont gérés par le décret n° 07-18 qui précise pourtant que « le théâtre régional organise et produit des spectacles ou manifestations culturelles et artistiques destinés à un large public et œuvre à la connaissance du patrimoine culturel national et universel par le citoyen ».[4]

Les institutions culturelles publiques en Algérie élaborent et mettent en œuvre leurs programmes sans concertation avec le peu d’acteurs de la société civile actifs sur le terrain. Cette situation est due aux mauvais rapports qu’entretient l’Etat avec les acteurs de la société civile. Ainsi, les contraintes auxquelles font face les porteurs d’initiatives culturelles indépendantes sont nombreuses et limitent considérablement le développement du secteur culturel indépendant en Algérie.

La première grande contrainte est liée aux obstacles bureaucratiques au moment de la création d’associations culturelles et artistiques. Et une fois créées, ces associations se retrouvent face au problème de manque de financement : alors que la loi n° 12-06 du 12 janvier 2012 relative aux associations restreint drastiquement le droit d’accéder à des financements étrangers, le ministère de la Culture ne consacre que 0,2% de son budget aux associations culturelles et artistiques,

Selon les derniers chiffres officiels (voir le tableau 02 ci-dessous), le nombre des associations culturelles et artistiques en Algérie s’élève à 6074 entre 2006 et 2009, dont 171 associations "littéraires", 1168 associations "artistiques", 1299 associations qui s’intéressent à "l’histoire et au patrimoine" et 3436 autres dites "pluridisciplinaires", selon le classement du ministère de la Culture. Beaucoup de ces associations n’ont pas d’activités réelles sur le terrain, surtout à cause du manque de financement et du manque de formation dans la gestion de projets.

6074 associations culturelles et artistiques correspondent au taux très faible de 1 association culturelle pour environ 6250 Algériens. Ce taux s’affaiblit davantage à Alger. Avec ses 3 millions d’habitants environ, la capitale compte 309 associations culturelles seulement, soit environ 1 association culturelle pour presque 10.000 habitants.  

Tableau 02 : Répartition des associations artistiques et culturelles par Wilaya (région) entre 2006 et 2009[5]

Wilaya

Littérature

Art

Histoire
Patrimoine

Pluridiscipli-
naire

Total

Adrar

1

42

87

89

219

Chlef

3

14

5

23

45

Laghouat

6

35

57

111

209

Oum El Bouaghi

11

39

25

74

149

Batna

8

48

73

169

298

Bejaia

3

25

16

120

164

Biskra

10

45

36

264

355

Bechar

4

11

37

71

123

Blida

8

35

16

117

176

Bouira

1

9

6

63

79

Tamanrasset

1

32

44

26

103

Tebessa

0

28

36

84

148

Tlemcen

2

14

25

47

88

Tiaret

3

20

22

28

73

Tizi Ouzou

12

44

23

140

219

Alger

7

83

17

202

309

Djelfa

2

7

15

52

76

Jijel

3

4

16

76

99

Setif

8

42

40

142

232

Saida

4

38

28

37

107

Skikda

4

29

17

134

184

Sidi Bel Abbes

10

20

42

32

104

Annaba

9

39

12

48

108

Guelma

3

10

10

55

78

Constantine

7

27

21

43

98

Medea

0

14

35

70

119

Mostaganem

1

23

20

9

53

M'Sila

2

23

16

100

141

Mascara

2

32

28

51

113

Ouargla

5

33

91

109

238

Oran

1

28

11

53

93

El Batadh

2

7

41

43

93

Illizi

1

17

17

19

54

B.B. Arreridj

0

10

10

21

41

Boumerdes

0

13

4

31

48

El Taref

0

5

4

19

28

Tindouf

0

6

12

6

24

Tissemssilt

5

10

22

76

113

El Oued

1

22

57

126

206

Khenchela

3

9

21

30

63

Souk Ahras

1

6

6

5

18

Tipaza

0

51

20

103

174

Mila

0

6

17

26

49

Ain Defla

0

19

5

40

64

Naama

2

18

27

15

62

A.in Temouchent

0

10

17

12

39

Ghardaia

3

41

74

183

301

Relizane

12

25

18

42

97

TOTAL

171

1168

1299

3436

6074

 

 

Infrastructures

Au départ de la France en 1962, l’Algérie a hérité d’un certain nombre d’infrastructures culturelles à l’instar du Théâtre national Algérien (ancien Opéra d’Alger), le Musée Bardo ou encore quelques 458 salles de cinéma. Beaucoup de ces infrastructures se sont dégradées (surtout les salles de cinéma). Par ailleurs, très peu d’infrastructures culturelles ont été construites après l’indépendance. Le pays reste, globalement, bien doté en matière d’infrastructures artistiques et culturelles par rapport à d’autres pays de la région, cependant, le problème de leur entretien et de leur gestion se pose fréquemment. 

En 2014, nous avons recensé environ 500 infrastructures culturelles fonctionnelles[6] à travers le pays :

- 16 musées ;

- 9 théâtres ;

- 12 écoles supérieures des beaux-arts, d’art et de musique ;

- Environ 400 bibliothèques publiques ;

- 4 centres à vocation patrimoniale ;

- 47 salles de cinéma ;

- 3 Palais de la culture ;

- 35 Maisons de culture.

La majorité de ces infrastructures se concentre dans la capitale, Alger, et sont directement financées sur le budget du ministère de la Culture.

Pour revenir aux salles de cinéma, des 458 salles qui existaient après l’indépendance, il n’en reste aujourd’hui que 318, dont 91 en état de fonctionnement. Mais en réalité, on dénombre seulement 47 salles de cinéma fonctionnelles[7]. Le ministère de la Culture gère le plus grand nombre des cinémas opérationnels. Les collectivités locales, qui ne gèrent que rarement les salles de cinéma, les confient à des privés qui les détournent dans la plupart des cas de leur vocation artistique pour des activités qui n’ont aucun lien avec le cinéma.

Tableau 03 : Etat des lieux des 162 salles de cinéma (chiffres officiels)[8]

Salles de cinéma

Nombre

Salles de cinéma récupérées par le ministère de la Culture auprès des collectivités locales

47

Salles en restauration

47

Salles de répertoire fonctionnelles

10

Salles de répertoire en restauration

11

Salles opérationnelles au niveau national et appartenant au ministère de la Culture

17

Salles appartenant aux Collectivités locales (projection vidéo)

30

 

En 2007, l’Etat a créé l’Agence nationale de gestion des réalisations des grands projets culturels (ARPC). Sa mission est de gérer la réalisation des infrastructures culturelles conformément au dossier technique élaboré par le ministère de la Culture et pour élaborer des cahiers des charges et lancer des appels d’offres. Depuis sa création en 2007, l’ARPC gère 9 grands projets :

      1. L’Opéra d’Alger

      2. La Bibliothèque Arabo Sud-Américaine

      3. Le Grand Musée d’Afrique

      4. La Grande Salle de spectacle de Ouled Fayet

      5. Le Centre Arabe d’Archéologie

      6. Le Musée d’Art Moderne d’Oran

      7. Les projets culturels de la ville de Sidi Abdallah (VNSA)

      8. L’Institut Supérieur des Métiers des Arts, du Spectacle et de l’audio-visuel (ISMAS)

      9. L’institut Régional de Formation Musicale (IRFM)

A ce jour[9], aucun des 9 projets n’a encore été livré[10]. La construction de ces infrastructures est un projet ambitieux, mais il n’en demeure pas moins qu’une fois ces structures bâties, le problème de leur gestion va se poser sérieusement. En effet, alors que les structures culturelles déjà existantes font face à des difficultés majeures en matière de gestion, des structures de la taille de l’Opéra d’Alger vont sans doute subir le même sort si rien n’est planifié d’ici là, courant le risque de se transformer en coquilles vides.

1.1 Matrice de l’analyse des parties prenantes du secteur culturel

Stakeholder and

basic characteristics

Interests and how affected by the problem(s)

Capacity and

motivation to bring

about change

Possible actions to

>address stakeholder interests

Ministère de la Culture :

Grands moyens financiers ; une législation et réglementation très forte ; bureaucratie ; contrôle total du secteur.

● Seul entrepreneur

4796">et seul régulateur

dans  le secteur

● Activités culturelles folkloriques 

● Mauvaise gestion des structures culturelles

● Gestion financière peu transparente

● Nouvelle ministre de la culture en 2014

● Volonté pour impliquer les secteurs indépendant et privé

● Sensibilisation à l’importance de la société civile et du secteur privé

● Réalisation d’études sur le secteur culturel

● Restructuration interne du ministère

● Adoption d’une politique culturelle

Secteur culturel indépendant :

Manque des ressources financières ; restrictions légales d’activité ; manque de formation (recherche de financement, gestion des projets culturels, réseautage, etc.).

● Difficulté de monter des projets culturels et artistiques

● Incapacité à s’organiser en réseau

● Quasi absence d’actions culturelles indépendantes

● Un poids très limité dans la prise de décision

● Une jeunesse sensible à la liberté d’auto organisation

● Une jeunesse qui tient au droit à la liberté de création

● Renforcement des capacités en matière de montage de projets

● Accroissement des financements

● Assouplissement de la loi de création des associations

Secteur privé :

Manque de ressources financières (crédits, etc.) ; Restrictions administratives (licences d’organisation de spectacle, etc.) ; rentabilité limitée ; rigidité des procédures et règles ; méconnaissance de la législation en vigueur

● Difficultés financières

● Investissements limités

● Une réglementation législative qui favorise l’investissement

● Une réglementation législative qui favorise le mécénat et le sponsoring

● Marché d’industries culturelles avec de grandes potentialités

● Assouplir les règles d’entreprenariat dans le secteur

● Liberté d’entreprendre dans le secteur

● Baisser les subventions destinées aux entreprises privées

Citoyens (publics) : manque de publics dans les espaces culturels ; non reconnaissance dans les actions culturelles ;

● Fréquentent rarement les espaces culturels

● Tournées vers les produits culturels piratés

● Réel besoin de profiter d’une culturelle adéquate

● En majorité un public jeune

● Etablir une médiation culturelle efficace

● Créer des espaces d’expressions indépendants

 

1.2 Analyse SWOT du secteur culturel

FORCES

FAIBLESSES

 

● Budget conséquent consacré à la culture

 

● Existence de plusieurs infrastructures culturelles

 

● Existence d’un nombre important de créateurs dans toutes les disciplines

 

● Société civile peu active dans le secteur

 

● Faible nombre d’entrepreneur dans le secteur culturel

 

● Grande faiblesse des investissements privés

OPPORTUNITES

MENACES

 

● Grande diversité culturelle

 

● Situation géographique stratégique du pays (Afrique, Région Arabe, Méditerranée, etc.).

 

● Population jeune

 

 

 

● Diminution du budget consacré à la culture

 

● Restriction par l’Etat de la liberté d’expression artistique et d’action culturelle

 

● Mauvaise gestion des nouvelles infrastructures culturelles

 

 


  • [1] Etablissement Public à caractère Industriel et Commercial.
  • [2] Etablissement Public à caractère Administratif.
  • [3] Kessab, A., 2006, « Gestion des institutions culturelles publiques : le cas des structures théâtrales en Algérie ». Mémoire de Master 2 Recherche, Université Paris III Sorbonne nouvelle.
  • [4] Décret exécutif n° 07-18 du 16 janvier 2007 portant statut des Théâtres régionaux. Journal officiel de la république algérienne.
  • [5] Annuaire Statistique 2001-2010 - Ministère de la Culture.
  • [6] Ce chiffre n’est pas exhaustif, il ne prend par exemple pas en compte le nombre d’écoles d’art et de musique gérés par les collectivités locales.
  • [7] Ali-Yahia M., 2013, Euro Med, Texte d’intervention. http://euromedaudiovisuel.net/Files/2013/06/27/1372318200305.pdf
  • [8] Euromed Audivisiel, 2014, Projet de collecte de données statistiques sur les marchés cinématographiques et audiovisuels dans 9 pays méditerranéens monographies nationales : 6. Algérie. http://euromedaudiovisuel.net/Files/2014/05/27/1401210761199.pdf
  • [9] Septembre 2014
  • [10] Site Internet de l’ARPC : http://www.arpc.dz/